Jacques Muller, artiste peintre et graveur,
né le 22 avril 1930, décédé le 19 mai 1997 à Bruxelles*
1940 |
" J'avais dix ans quand la guerre a éclaté.
C'est un souvenir tragique et une déception énorme quant au sérieux des ainés." [ Jacques Muller IN Jacques Muller, peintre - Jacques Muller, graveur]
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" 1940: le père Muller n'a plus de travail. On démolit plutôt les maisons qu'on ne les construit. Il parvient, à dur prix, à se recycler comme géomètre-expert. Les enfants jouent Plaine de Manoeuvres. Il feuillettent "Le Patriote Illustré" et "Le Petit XXème", cet ancêtre de la B.D. Leurs yeux découvrent bientôt d'autres images : des chemises brunes, des parades, des uniformes feldgrau. Jacques Muller ne saisit pas très bien le sens des combats, la signification des drapelets épinglés sur des cartes géographiques. Il vit en Belgique occupée. Il a du sang allemand, flamand, français dans les veines. Dans le western aérien des Stukas et des Spitfire, des Hurricane et des Messerschmidt, où sont les Bons et le Mauvais? Ce qu'il y a de sûr, c'est qu'on pourchasse les Juifs et que cette persécution est inadmissible." [ Jean Pigeon IN Jacques Muller]
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" Et tant il est vrai que l'art est affaire religieuse, sa foi était-elle d'autant plus vive et vitale qu'elle lui avait été communiquée pendant la guerre par M. Sterling, un juif que les Muller avaient caché, lui et sa famille, dans leur maison à Bruxelles. C'est à partir de ce que lui montre et enseigne M. Sterling - au départ de cartes postales, que lui, Jacques peut aller chercher dehors, dans la rue - que la vie peut retrouver du sens et se dégager de l'horreur de la guerre. Que le désir de peinture lui soit venu dans ces conditions-là, léguées par un homme que le pire de la folie humaine poursuivait et que ce désir ait pu faire barrage, écran à ce trou dans le sens que forait le réel de la guerre où se voyait plongée l'Europe, explique que Jacques Muller ait dû se tenir longtemps à l'écart de ses contemporains pour s'engager seul dans la voie que la peinture lui découvrait, celle que lui avait donnée, confiée M. Sterling, qui était celle de ces maîtres énormes que devinrent pour lui Rembrandt, Rubens et autre Cézanne ou Vélasquez. Maîtres auxquels, le temps qu'il fut nécessaire, il resta fidèle, loyal. " [ Véronique Muller IN Muller72]
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1946 |
Le recteur Thienpont du collège jésuite où J.M. est élève, parvient à convaincre ses parents d'orienter leur fils vers des études artistiques. Il passera directement, en 47, en deuxième année à l'Institut Saint-Luc de Bruxelles.
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1947
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" J'ai eu d'excellents professeurs à Saint-Luc. Ils nous ont formé au dessin d'après l'antique. Le dessin d'après l'antique est un enseignement académique, mais nous pouvions le pratiquer très librement, pourvu que l'on apprenne quelque chose. [...] Je n'ai jamais trouvé ça ailleurs.
Bien après, j'ai été à l'Académie (des Beaux-Arts de Bruxelles). C'était de loin plus formaliste." [ Jacques Muller IN Jacques Muller, peintre - Jacques Muller, graveur]
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" Peut-on concevoir ce que furent la fièvre, la passion cinéphilique des lendemains de la Libération? De 1947 à 1954, environ, ce fut un "âge d'or" pour le 7ème Art-qui-par-ailleurs-est-une-industrie, et un art de vivre pour les jeunes qui, sevrés de films intéressants durant toute la guerre, se ruèrent boulimiquement vers les salles obscures, quitte à "sécher" les cours.
[...]
Parallèlement, le jazz déferle. Là encore, ce qui retient Muller, ce sont moins les cadences nouvelles, frénétiques du be-bop que la souffrance, l'esprit du blues, le calvaire noir, les drogués, le chemin qui mène des épaves d'une illusoire jam-session vers le pénitencier ou l'asile.
[...]
- "Je me suis replongé avidement dans l'étude des grands maîtres. Je me suis penché des heures et des jours sur "Anima", la "Montée au Calvaire" de Rubens. Rembrandt, les "Pieta", les paraboles... Je tentais d'analyser la mise en page des groupes, mes recherches portaient sur le mouvement, afin d'aller des groupes au personnage seul, isolé... Dans mes gravures de l'époque, j'ai dépeint des amis dans des paysages de banlieue, des personnages se chauffant à un braséro... Ce qui m'intéressait, c'était de traduire charnellement les choses mais en répudiant le sentimentalisme, le pathos"." [ Jean Pigeon IN Jacques Muller]
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1948
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Parallèlement à ses études artistiques, J. M. suit une formation de radiotélégraphiste, encouragé par des amis aviateurs.
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1949
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La projection à Bruxelles de Louisiana Story de Robert Flaherty rend J.M. attentif à l'idée de la narration. Les plans profonds stimulent chez lui l'attention à porter aux matières. Sous l'influence de Cézanne, J.M. cherche à étudier ceux-ci à travers la nature morte.
Etudie Rembrandt au Cabinet des Estampes.
Présente deux toiles au Grand Prix de la Jeune Peinture à Bruxelles et n'est pas retenu.
Retoucheur dans un atelier de photogravure.
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* La grande majorité des textes repris ici sont issus de Jacques Muller, l'oeuvre gravé pour lequel lui et son épouse avaient élaboré une ligne du temps reprenant les éléments majeurs de la vie personnelle de l'artiste, mais également de la vie culturelle et scientifique anisi que les événenements politiques. Ces textes couvrent la période allant de 1947 à 1990 (date de parution du livre). Ces dates ont été complétées par les auteurs du site ainsi que par des textes issus des diverses publications autour de l'oeuvre de Jacques Muller.
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